vendredi 28 avril 2017

Ta résonance, ma retenue : un livre chez Tarabuste


On écrit toujours le même livre. Non au sens d’une répétition. A moins que le trépignement n’approfondisse l’orientation. Et s’agissant de ce livre, on pourrait parler d’apnée. Pendant au moins une vingtaine d’années. Les voix qui font le livre auraient enfin trouvé leur écho. Ta résonance. Ce n’est pas une théorie mais une expérience : pas de je sans tu. C’est le départ du livre : « il se réveille avec une phrase qui lui ressemble, à elle ». Livre d’un amour qui ne cesse de se chercher et, dans le même mouvement, livre de la recherche d’une cause éperdue. Car c’est avec les rimes intérieures que l’engagement s’approfondit. Jusqu’à l’Illyrie. Quelque part au cœur de l’ancienne Yougoslavie pendant ses années de guerre récente. L’Illyrie d’un « à jour » qui part vers l’inconnu. Au cœur des banlieues et des plages – faubourgs de nos contes et mécomptes de Cergy à Cerisy. L’inconnu(e) ? pas un peuple qui manque mais une écoute qui cherche à en répondre jusque dans l’adresse amoureuse, sa retenue autant que sa volubilité. On n’écrit jamais le même livre. Parce qu’on veut de l’air. Pour vivre. Dans ta résonance. L’impératif de la voix libre. Et tout ce livre comme une volubilité en apnée. Des lettres à la ronde.

Ta Résonance, ma retenue, Tarabuste, 2017, 324 pages, 22€, ISBN: 978-2-84587-364-3 (on peut commander chez son libraire ou ici : http://www.laboutiquedetarabuste.com)

lundi 3 avril 2017

tu es ma revenante

(notes face aux tableaux de Marc Desgrandchamps
Musée des Beaux-arts de Caen le 2 avril 2017)

le revenir de ton volcan - lequel
où ces noirs oiseaux de ton écrire
posés sur les transparents fluides
alors nos sols fondent cursivement
et les sandales emportent petites
ailes de tes envols comme balafres
blanches tout est dilué même
la mer avec ses bleus quelles douleurs

















aligné ton dos dans sa fuite immobile
le revenir d’une statue où tu l’as vue
collée à même tous tes décadrages
comme si ton pied s’enfonçait
et tu vois cette plage où je cours
comme un cheval emporté coupé
en deux mais la lumière ailée
tombe comme tu t’en vas toujours
t’en vas la sandale au bord de ton
volcan

















le bras et le vent agrandissent
ta marche avec des oiseaux d’augure
ils disent la ligne d’écume ton écume
dans ma bouche la lecture au cœur
d’une foule et le désert dans des verts
laisse pendre ta robe ses transparences
maculée comme si tous les fruits croqués
séchés après quel tir à l’arc dans mon cœur
ou le cheval

















dans l’ombre avec ce vent qui trace
sur les vitres de ma vue oui le bleu
de ton ciel tragique tache l’arbre et
le candélabre de Judith strie ce paysage
romain avec ta robe plissée je baigne
tous mes yeux dans des verts plissés
je te vois
aveugle si tes jambes et tes genoux 
vers quel volcan de peinture
éruptive agenouillée tu revois
nos lointains si proches je plonge
dans l’inachèvement de ton rouge
à ongle confondu vers quelle fente
mais tout bouge dans nos mouvements
et je ne peux t’arrêter tu cours
dans mon revenir la sandale dans
ta main






dimanche 2 avril 2017

reprise pour une voix chthonienne

tu me déverbes avec ta nage
et mes 13 ans te courent après
comment t’attraper pour toucher
tes cils avec mes bouches et 
                            te souffler
toutes les voix qui me poussent
comme pierres qui roulent ou 
                             alors voilà
tous les ricochets sur ton lac
nous font marcher sans plonger
et tout là-haut tu me recommences
dans mon rêve tu grandis infiniment
et je cours de tout ton souffle 
mes bêtes rient de cette folie
une claque me réveille et 
                         c’est toi
oui tu me parles comme si tu fondais
dans mes pleurs je te vois tu m’écris
partout où nous marchons 
d’un rêve l’autre dans notre déversement




(reprise pour une voix chthonienne)